Le manager danseur
Je ne suis pas facile.
Il faut le reconnaître, humblement, je ne suis pas facile à manager. Il faut dire que je n’aime pas sentir « tiens, là, on est entrain de me manager ». Je ne sais pas si certaines personnes aiment cela, ou si la plupart des gens trouvent ca normal. De mon côté, je fais partie des personnes qui se sentent sur la défensive dans ces moments là. Et comme je ne suis pas facile, je ne me laisse pas faire. Un exemple ?
Mon job ? Protéger l’équipe ! Tu viens me demander de faire faire quelque chose à l’équipe ? Prépare-toi au combat ! Je vais être le chien de berger qui protège le troupeau.
Ça vous étonne ? C’est bien ce que doit faire un (bon) ScrumMaster ? Bon OK, la relation avec mon manager se dégrade, on ne communique plus que le stricte minimum, mais j’ai la conscience tranquille du travail bien fait. Évidemment, ce fonctionnement n’est pas vivable dans le temps. Mais que faire ? Le système « des managers » est trop complexe, je ne peux pas le maîtriser, je ne peux pas le changer, je ne peux rien faire.
J’ai commencé à trouver un élément de réponse dans la présentation de Jurgen Appelo lors d’Agile Grenoble 2011.
We can’t control systems or figure them out. But we can dance with them.
Donell a H.Meadows, Thinking in Systems
Euh là, au slide 49 sur 137, mon cerveau n’était plus capable d’écouter attentivement Jurgen. Comment dire … C’était un peu comme si je venais de marcher sur un râteau qui trainait dans le jardin. Vous voyez le concept ?
- Révélation N°1 : Mon manager est un être humain comme les autres
- Révélation N°2 : On peut manager son manager
- Révélation N°3 : Je vais peut-être me mettre à danser
Pour pouvoir danser, il faut attendre la bonne musique ; c’est à dire attendre le bon moment. Pour une première fois, j’ai commencé par une petite valse. On est un peu raide, on se tient du bout des bras, mais on se met en mouvement. Quelques jours plus tard, petit slow : on se rapproche, un début de complicité, de partage. 2 danses en 10 jours, c’est un début. L’important, c’est de ne pas s’être marché sur les pieds, d’avoir créé le mouvement.
Ce qui me plais dans cette approche, c’est le côté jeu. Voir la relation avec mon manager comme un challenge, un objectif à atteindre me motive déjà beaucoup plus ! Je ne subis pas et j’essaye « de garder la main », d’être celui qui invite l’autre à danser. Pour le moment, on reste sur des danses « tranquilles » mais je compte bien atteindre le rock’n roll bientôt ! L’important pour le moment, c’est qu’on ai envie, tous les deux, de la même danse au même moment.
Après le manager « Command & Control » et avant le manager « Couvreur » (© Thierry Cros), il existe donc le manager danseur.
Je ne suis pas facile, mais maintenant, je danse.
12/12/2011 à 23:25
Danse avec les loups ?